Column|Jérémie Gaudet
Deux jeunes dingos au zoo de Perth (Australie) |
Reconnaissable à ses
oreilles dressées et à son pelage roux doré, le dingo ne serait apparu en
Australie qu’il y a quelque 4000 ans, selon ce que suggèrent les preuves
archéologiques. Mais comment ce chien sauvage emblématique s’est-il retrouvé dans
cette région, et grâce à qui ?
Plusieurs groupes de
personnes auraient pu avoir amené le dingo en Australie. Des marins indiens voyageant
en Australie, les Lapita marins qui
se propageaient vers l'est dans le Pacifique de l'Asie orientale et les
commerçants de Timor et du Taïwan qui ont navigué à travers l'Asie du Sud-Est étaient
jusqu’à ce jour des candidats potentiels.
Était également sur la
liste un groupe de chasseurs-cueilleurs maritimes, appelés Toaliens, provenant
des péninsules du sud de l'île indonésienne de Célèbes. Toutefois, aucune
certitude n’était reconnue jusqu’à ce jour sur le sujet.
Pourtant, Paul Taçon et Mélanie Fillios, des chercheurs
respectivement affiliés aux universités Griffith et de la Nouvelle-Angleterre,
toutes deux situées sur la côte est australienne, ont tenté d’y voir plus clair
dans cet ensemble de possibilités.
Ces derniers suggèrent, dans le cadre de leur
plus récente étude, publiée dans le Journal of Archaeological Science : Reports, que le dingo serait en fait originaire de l’Indonésie,
conduit en Australie par les Toaliens.
Pour en arriver à cette
conclusion, les chercheurs ont mené un examen de plusieurs recherches
génétiques portant sur les chiens, les dingos et d’autres canidés provenant de
sept articles récents. Ils y ont trouvé des racines communes qui leur ont
permis d’éliminer un à un les groupes qui auraient pu avoir fait migrer les
dingos vers l’ile australienne.
Ils ont d’abord exclu
les marins indiens en observant la base de l'ADN des loups, des chiens et des
dingos, qui semblait indiquer que ces animaux provenaient d'Asie (et, plus
probablement, de la Chine), avant de s’être propagés au Taiwan et en Asie du
Sud.
Puis, ils ont analysé un
rapport datant de 2014, lequel a révélé que les dingos ne possèdent pas de
multiples copies d'un gène permettant la digestion de l’amidon. Or, les cousins
des dingos ont, eux, développé ces gènes en évoluant auprès d’agriculteurs. Cela
suggérait donc que, avant leur arrivée en Australie, ils ne vivaient pas avec
des gens du milieu agricole, tels les marins de l'Inde, ou les commerçants taïwanais
ou timorais.
Restaient donc les Lapita ou les chasseurs-cueilleurs
toaliens comme principaux prétendants. Par contre, les chercheurs ont observé
qu’il n'y a aucune preuve de la poterie des Lapita
en Australie, et encore moins des porcs et des poulets que ces peuples apportaient
avec eux partout où ils allaient. De plus, ils ont aussi compris que le peuple Lapita a quitté l’Asie il y a 3300 ans,
bien après que les dingos soient arrivés en Océanie.
Cela laissait donc le peuple
des Toaliens. Taçon et Fillios croient que seule cette population puisse
véritablement avoir emmené les dingos en Australie de l’ile indonésienne de
Bornéo, située au nord. Cette hypothèse serait appuyée par plusieurs données
archéologiques, notamment des similitudes dans l’art rupestre, les outils et
les matériaux de construction découverts en Australie qui auraient pu provenir
de ce peuple.
Les
résultats de l’étude seront confirmés sous peu après la complétion d’analyses
supplémentaires d’ADN contenu dans des restes archéologiques de dingos.
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