Friday, January 15, 2016

Une sonde chinoise sur la face cachée de la Lune

Science
Column|Jérémie Gaudet

L’agence officielle Chine nouvelle a, vendredi dernier, annoncé que serait bientôt lancée une mission dirigée par le programme spatial chinois dans le but de parcourir l’hémisphère caché de la Lune.

En effet, le côté de la Lune qui demeure invisible pour les hommes sur la Terre devrait être examiné et parcouru par une sonde dont le lancement est prévenu par les Chinois en 2018. Il est à noter que cette partie de la Lune n’a auparavant jamais été explorée.

Cette sonde, qui a d’ailleurs été nommée Chang’e-4 – un nom qui correspond à celui de la déesse de la Lune dans la mythologie chinoise – devrait être composée d’un alunisseur et d’un véhicule spécialement équipé pour l’arpentage de la surface lunaire. Elle devrait également, selon le chef de la mission d'exploration lunaire chinoise, Liu Jizhong, patrouiller l’environnement de la partie cachée de la Lune et recueillir diverses informations sur celui-ci.

Une exploration sur le côté obscur de la lune serait intéressante puisqu’elle permettrait, selon Clive Neal, le président du Groupe d'analyse sur l'exploration lunaire (appartenant à la NASA), d’observer la croûte lunaire plus épaisse et le plus grand cratère d’impact du système solaire, deux aspects spéciaux situés tous deux sur la face lunaire cachée.

Cette annonce s’inscrit dans le programme d’exploration spatial de la Chine qui permettrait, selon le gouvernement chinois, l’avancement de la conquête de l’espace. Cette dernière, qui coûte annuellement à l’État chinois plusieurs milliards de dollars, est perçue dans ce pays comme étant un symbole de puissance faisant partie du thème du Parti communiste et du président Xi Jinping.

Mentionnons aussi que la Chine a déjà réussi à faire alunir un véhicule téléguidé en 2013 et à retourner une sonde spatiale sur la Terre provenant de la Lune l’année suivante.

Mais pourquoi ne voyons-nous pas cette face cachée de la Lune ?

Le seul satellite naturel de notre planète ne nous montre jamais sa seconde moitié et il a fallu attendre l’an 1959 pour que cette dernière soit photographiée pour la première fois et l’an 1968 pour que des hommes l’aperçoivent directement, soit lors de la mission d’Apollo 8 en orbite autour de la Lune.

Mais comment se fait-il que cette face demeure constamment cachée pour nous, observateurs terrestres ?

Eh bien, cet effet est dû au fait que l’astre nocturne qu’est la Lune possède une propriété particulière. En effet, la Lune prend autant de temps (environ 27,3 jours) pour effectuer un tour complet sur elle-même – soit pour compléter une rotation – que pour tourner autour de la Terre – soit pour compléter une révolution. Ce phénomène spécial est nommé rotation synchrone en astronomie.

Ainsi, à mesure que la Lune se déplace dans le ciel, elle pivote sur elle-même dans la direction opposée et à la même vitesse, ce qui a pour effet de toujours garder visible le même côté pour un observateur situé sur la Terre.

Toutefois, ce n’est pas parce qu’elle est cachée que cette face de la Lune n’est pas éclairée. À vrai dire, lorsque la face visible de la Lune n’est pas observable dans le ciel parce qu’elle est dans l’ombre lors d’une nouvelle Lune, par exemple, c’est parce que c’est sa face cachée qui est alors illuminée !

Wednesday, January 6, 2016

Guy Turcotte, la foule et le droit

Society
Column|Laurent Crépeau

Le procès de Guy Turcotte n’a cessé d’inspirer une clameur virulente depuis cinq ans de part et d’autre de la société. Évidemment, on ne peut nier le rôle des médias de masse dans cette affaire. Après mille et une itérations dans la presse et sur les écrans, les faits étaient bien connus. La foule avait promptement identifié le coupable et ses victimes. L’échiquier manichéen était en place et la foule se parait à châtier. Aujourd’hui, cette machination semble tirer à sa fin.

Ce que cinq ans de procédures judiciaires nous ont clairement exposé, c’est cette propension de la foule à châtier; à prescrire une expiation atroce, inflexible et perpétuelle à ceux qu’elle identifie au mal archétype. Des détracteurs parmi la foule dénoncent l’insuffisance et la vulgarité du système de justice. On insinue que les institutions actuelles, par leur conduite de la cause et leurs disparités de l’opinion populaire, révèlent leur inaptitude et leur illégitimité. Or, alors que la foule demande rétribution, le droit impose l’impartialité aux magistrats devant la clameur.

Indéniablement, le public est resté omniprésent durant cette affaire. Cela n’a rien d’impressionnant lorsque l’on considère l’acte commis et le degré auquel il a été propagé à travers les médias. Les différents chapitres du procès ne pouvaient qu’éveiller les passions. Ils ont inspiré des révulsions et des abhorrassions de toutes parts. « 10 ans, c’est bien trop peu! », nous dit-on aujourd’hui. « Cet homme monstrueux doit payer pour ses crimes! ». Dans un papier publié récemment au Journal de Montréal, Isabelle Maréchal nous affirme que la ligne directrice de la sentence qui sera rendue à la mi-janvier devrait être « zéro tolérance ». Des actes si ignominieux ne peuvent qu’être sanctionnés afin de redonner au système de justice ses lettres de noblesse. Après tout, celui-ci n’a su qu’ébranler la confiance du public depuis le début de cette affaire.

Dans ce discours délétère réside le danger de la foule. Plutôt que des arguments, on y trouve de la rage et plutôt que de la réflexion, on y trouve de l’exaltation zélée. Ces épanchements violents constituent, tout d’abord, un abîme pour le droit, lequel ne peut se fonder sur des subjectivités éclectiques. De la même manière, ils se voient devenir une perdition à autrui et à l’ordre social par l’ablation de la rationalité.

Ainsi, la foule est imprégnée d’une ire inapaisable sauf par le plus cruel châtiment. Bien sûr, il ne faut point nier l’immondice de cette affaire, or il est utile de voir en l’observation de ce tumulte populaire, une justification de tout l’édifice du droit, lequel s’ébauche sur sa qualité d’ordre supra-populaire.

Les sociétés libérales contemporaines sont fédérées par le principe de suprématie du droit. Par cela, on entend que le droit n’est sujet à aucun jugement arbitraire. Son autorité supplante les décisions des citoyens comme des politiques, faisant ainsi que chaque individu est parfaitement égal à un autre face au droit. Qui ne se conforme pas à la loi est jugé et sanctionné par la loi. La seule manière de changer les lois est à travers l’exercice du gouvernement civil né et soutenu par la légitimité du consentement populaire.

Si l’on reprend l’hypothèse de l’état de nature – de l’état dépourvu d’un droit uniforme et institutionnalisé – soulevée par les philosophes politiques modernes, on en vient rapidement à la conclusion qu’en l’absence d’un conglomérat du droit, chaque individu se retrouve avec sa propre définition de la justice, ce qui, de fait, rend nulle la possibilité d’une justice véritable.

Ainsi, le droit se veut un ordre rationnel et une égide pour les sociétés modernes dont l’existence dépend de leur stabilité. Il est donc nécessaire que le droit se situe au-dessus des populations sans quoi il laisse place à l’irrationalité.

Guy Turcotte est déjà condamné à la prison à perpétuité avec un minimum de 10 ans sans possibilité de libération conditionnelle. Contrairement à cette pensée fallacieuse qui équivaut une libération conditionnelle à la réduction d’une peine, voire même son absolution, ce procédé est tout autre. Non seulement, l’accès à cette procédure de réinsertion ne garantit pas une sortie de prison immédiate conditionnée à un gage de bon comportement, elle ne signifie pas non plus qu’un détenu redevient citoyen libre. Désormais, Guy Turcotte ne vivra plus jamais normalement. Après avoir purgé une part de sa peine en prison – qu’elle soit de dix ou de vingt-cinq ans – il réintègrera la société pour en purger le reste et entre temps restera sous l’hégémonie inexorable du système de justice. Il n’aura plus jamais la liberté dont bénéficie un citoyen libre. Sitôt sorti du pénitencier, il demeurera dans la prison des lois. La seule absolution à laquelle il aura droit sera à sa mort.

Une méconnaissance du droit mène à une interprétation fautive des actions commises par le système de justice. La Loi sur le service correctionnel et la mise en liberté sous condition indique que « la mise en liberté sous condition vise à contribuer au maintien d’une société juste, paisible et sûre en favorisant, par la prise de décisions appropriées quant au moment et aux conditions de leur mise en liberté, la réadaptation sociale des délinquants en tant que citoyens respectueux des lois » et que « dans tous les cas, la protection de la société est le critère prépondérant » pris en compte lors de l’examen d’une demande de libération conditionnelle.

Le but du droit n’est jamais d’être un bourreau. Plutôt, ses racines philosophiques nous indiquent que son objectif est de protéger le citoyen; ses droits et ses biens. Ce facteur sera donc hautement considéré parmi d’autres dans la sentence qui sera rendue le 15 janvier. Ultimement, que la période avant d’être admissible à une libération conditionnelle soit dix ou vingt-cinq ans n’est pas l’enjeu primordial. Ce qui est capital est que les différents organes du système judiciaire agissent conformément à la loi et que Guy Turcotte soit traité comme n’importe quel individu reconnu coupable de meurtre au second degré.
***Le 6 janvier 2016, Guy Turcotte a demandé que son jugement soit revu en cour d'appel afin de déterminer si des directives du juge André Vincent auraient influencé le jury dans ses décisions. Ultimement, cela pourrait mener à un troisième procès pour l'ex-cardiologue.

Monday, January 4, 2016

2016 -- La barre scientifique est haute!

Science
Column|Jérémie Gaudet

Alors que 2015 a été particulièrement prolifique en ce qui a trait aux découvertes scientifiques, les attentes envers 2016 n’en sont pas moindres. Coup d’œil sur ce que plusieurs souhaitent voir émerger de la science en cette nouvelle année.

Des gènes à la rescousse

Bien qu’il y ait présentement une controverse quant à la sécurité et à l’éthique qui se cachent derrière la modification de gènes humains, nombre de scientifiques travaillent afin de découvrir de nouvelles méthodes pour altérer le génome de ceux et celles qui souffrent de maladies génétiques.

Ces altérations aux gènes responsables de certaines pathologies devraient se multiplier durant la prochaine année et s’assurer d’affecter seulement les patients en cause et non leurs descendants. 

Des tests précliniques de sécurité devraient ainsi avoir lieu cette année dans ce domaine, notamment avec un traitement de modification des gènes responsables de la drépanocytose, une maladie héréditaire qui affecte l’hémoglobine, la protéine permettant le transport de l’oxygène dans le sang. 

Les yeux rivés sur Mars

Après d’importantes découvertes faites sur Mars en 2015, l’orbite de la planète rouge amènera cette dernière assez proche de la Terre cette année. 2016 marquera donc un moment propice pour les explorations à la surface de Mars.

En effet, l’Agence spatiale européenne (ESA) joindra ses forces à celles de l’Agence spatiale fédérale russe (FKA) pour diriger le projet ExoMars 2016 qui sera lancé en mars prochain. Ce dernier aura pour but d’introduire un satellite dans l’orbite martienne et d’envoyer un vaisseau spatial à la surface de la planète afin de mesurer les niveaux de méthane – s’il y en a – sur celle-ci.  

Cette présence de méthane augmenterait les probabilités de retrouver des traces de vie sur notre planète voisine parce que ce gaz, en plus d’être une source de nourriture pour certains organismes, est en grande partie produit par les êtres vivants.

Une solution aux allergies alimentaires ?

Depuis plusieurs années, de nombreux essais cliniques ont été faits en vue de traiter les allergies alimentaires. La solution la plus encourageante pour l’instant est celle de l’immunothérapie. Cette pratique vise à injecter des substances qui vont stimuler l’organisme et l’aider à vaincre certaines maladies ou déficiences.

Aux États-Unis, où plus de 15 millions de personnes souffrent d’allergies alimentaires et où nombre d’études à ce sujet sont réalisées, l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) se réunira sous peu afin de délimiter et d’approuver certains traitements d’immunothérapie contre les allergies alimentaires.

Espérons que 2016 soit l’année des traitements efficaces pour ceux et celles qui souffrent d’allergies alimentaires.

L’archéologie prometteuse

C’est en 2015 que des archéologues ont tenté d’élucider les mystères de certaines constructions de pierre situées au Moyen-Orient. Découvertes durant la Première Guerre Mondiale par des pilotes d’avions militaires, ces structures particulières, nommées géoglyphes, forment des motifs ou des dessins géométriques impressionnants lorsqu’ils sont vus de haut.

En Arabie Saoudite, par exemple, nombre de géoglyphes ont été découverts sur des volcans, mais leur provenance et leur utilisation demeurent inconnues.

Bien que l’archéologie étudie les artéfacts et les civilisations du passé, il est possible de se tourner vers le futur et d’espérer que, en 2016, les archéologues seront capables d’en apprendre davantage sur ces énigmatiques constructions. Des scientifiques travaillent d’ailleurs présentement sur un rapport quant à ces géoglyphes.

De meilleurs drones

Qui, en 2015, n’a pas entendu parler des drones, ces petits engins à hélices, souvent munis de caméras, pilotés à distance ? Alors que bon nombre de citoyens s’en sont procurés dans les dernières années, les gouvernements ont été forcés de légiférer quant à leur utilisation qui s’est parfois avérée gênante par le passé.

En 2016, plusieurs souhaitent voir apparaitre sur le marché en plein essor de nouveaux appareils plus intelligents et sécuritaires. Leur technologie évolue ainsi de manière à contrer les erreurs de pilotage que font certains conducteurs de drones novices.

Par ailleurs, des fabricants devraient tenter d’ajouter des fonctionnalités ou des capacités novatrices à leurs machines. C’est notamment le cas de la compagnie Lily, qui lancera un nouvel appareil hydrofuge aussi capable de suivre son propriétaire automatiquement dans les activités de ce dernier comme le ski, le kayak ou encore le surf.

À toutes et à tous, je vous souhaite une heureuse année 2016 qui, souhaitons-le, soit riche en innovations et en découvertes scientifiques.